Anagramme trilingue

Pedro Poitevin et Anthony Etherin ont composé à quatre mains deux sonnets (l’un en espagnol, l’autre en anglais) anagrammatiques et racontant la même histoire (celle de leur travail conjoint, précisément). ↓

https://www.poetrishy.org/edition-2/anthony-etherin-pedro-poitevin/Anthony%20Etherin%20&%20Pedro%20Poitevin_Davenport_anagrams.pdf

Sur une idée de Gilles Esposito-Farese, j’en ai écrit une version française :

LA DANAÏDE
    —
Anthony et Pedro bougent, pas à pas
Des meubles rococos de pièces mentales
Labyrinthe oulipien, où on joue au rat
Rayant et griffonnant sous ces longs dédales.

A l’hendécasyllabe, on met le sofa
De ce mort adoré. Au cœur, il se cale,
Comme toi, comme tout, il s’y trouve là,
Joyau abasourdi à l’ombre idéale.

Ô fada qui s’égare au yoga aride
Aurore où l’homme fou abattant ce mot,
Y faisant cet assaut total. Ô grand sot,
Voit-il, hors son cube, une ellipsoïde ?

Il y a quelque chose, un nouveau départ,
De l’abracadabrant – du Ça – dans cet art.


Ainsi qu’une version ne respectant pas du tout le sens initial :

ABEL

Le yoyo de Dali. Abracadabra !
Sous ce chic arbre à chat, glisse, s’y pelote.
Ce dur Salvador, à quatre pattes, va
Farfouiller ça et là, solo, sans un pote.

Des onomatopées, jurons ! Oh Yeah ! Bah !
Trente-et-un « Ouille » et « Aïe » et une fois « crotte ! »
– Immonde rond rouge, es-tu sous ce sofa ?
– Où te dandines-tu ? Dans mon dos ? Ma botte ?

Ô l’aboyant fada, soulève, malin,
Ce dada de bois, ce bocal et l’armoire.
Dali commande, au soir, : – Paye-toi ma poire !


Quand l’agaçant yoyo resurgit enfin,
La patte d’un chat l’ayant bugné, il roule
jusqu’au cou de Gala, môme à nu, et s’écroule.

Sonnet qui raconte peut-être la naissance du Portrait d’Abel E. Fangen de S. Dali