Acrostiches d’hémistiches

sur le site de Gilles Esposito-Farèse

Ci-dessous le poème qu’enferme le rectangle rouge est identique à celui qu’enferme le rectangle or.

Ainsi donc l’acrostiche d’hémistiches joue sur la répétition.
Donc jouons :

Ci-dessus, le jeu de répétition a engendré d’idée d’écho ( Entendez-vous l’écho ? )
et par suite, le jeu sur les « alors » répétés sept fois en début d’hémistiches
(à l’horizon ; à l’ordre ; à l’orbe ; … ).
Cette répétition est croisée si bien qu’une hémistiche n’est jamais suivie de la même autre.
( La lande se réveille à l’horizon d’Oyace
puis La lande se réveille où la lune fait place
puis La lande se réveille au doux chant d’une abeille
etc. )

Entendez-vous l’écho ?

La lande se réveille à l’horizon d’Oyace
Où la lune fait place à l’ordre du printemps,
Au doux chant d’une abeille à l’orbe de l’étang,
Aux noces d’un grillon à l’oreille sagace
Et d’un coquelicot à l’orée qui s’agace
Sous le premier rayon à l’or pâle expectant.

Entendez-vous l’écho alors, du fond des temps ?

La lande se réveille où la lune fait place
Au doux chant d’une abeille aux noces d’un grillon
Et d’un coquelicot sous le premier rayon.

Entendez-vous l’écho ? La lande se réveille
Au doux chant d’une abeille et d’un coquelicot.

Entendez-vous l’écho au doux chant d’une abeille ?

Entendez-vous l’écho ? Entendez-vous l’écho ?

On peut aussi jouer avec le sens des phrases qui changent selon leur composition d’hémistiches :

En fait, c’est le contraire

On ne peut penser que d’une seule façon :
Vous étiez un baron. Celui qui dit qu’en France
Vous fûtes merdiqueux se trompe avec constance.
Vous fûtes une ordure, a osé dire un con ?
A dire vrai, mon frère, il était un couillon,
une terrible enflure. Or pour vous, je le pense,
En fait, c’est le contraire.

                              Ou alors, on relance :
On ne peut penser que vous étiez un baron.
Vous fûtes merdiqueux. Vous fûtes une ordure,
A dire vrai, mon frère, une terrible enflure.


En fait, c’est le contraire : on ne peut penser que
Vous fûtes merdiqueux.

                        A dire vrai, mon frère,
En fait, c’est le contraire : Vous fûtes merdiqueux.


En fait, c’est le contraire.
                              En fait, c’est le contraire.

ou encore :

Où êtes-vous assise ?


Oh ! Là, sur mon séant bientôt ankylosé,
Une pie s’est posée. A croire qu’il ressemble
Au bord de l’océan, à la branche d’un tremble !
Elle était incertaine et je l’ai, c’est osé,
Bercée par une brise en mon corps composée.

Arrivée de la plaine, une femme qui tremble :
– Où êtes-vous assise ? Asseyons-nous ensemble !
– Oh ! Là, sur mon séant. Une pie s’est posée
Au bord de l’océan. Elle était incertaine,
Bercée par une brise arrivée de la plaine.

– Où êtes-vous assise ? – Oh ! Là, sur mon séant
Au bord de l’océan, bercée par une brise.


– Où êtes-vous assise ? – Au bord de l’océan.
– Où êtes-vous assise ? – Où êtes-vous assise ?

On peut aussi se saisir d’une histoire que se répète :

Est-ce une anomalie ?

Est-ce une anomalie : cet ego (moins trois mois)
qui se tient face à moi ? Par quelle loi mystique
Un avion assolit, déroutant la pratique,
par la grâce divine, une … deux … non, trois fois ?
J’y cours et le devance en convoquant ma foi
et d’instinct, je devine un aléa quantique :
Un autre moi s’avance en tout point identique.

Est-ce une anomalie qui se tient face à moi ?
Un avion assolit par la grâce divine.
J’y cours et le devance et d’instinct, je devine :
Un autre moi s’avance. Est-ce une anomalie ?

Un avion assolit. J’y cours et le devance :
Un autre moi s’avance. Un avion assolit :
Un autre moi s’avance. Un autre moi s’avance.

nième variante du Dedichado

El Desdo Eldodo


Je ne suis que ténèbre à mon tour aboulique
et veuf mélancolique au doux luth constellé ;
L’inconsolable inèbre au sombre mausolée
offert au soleil noir de ces roses qui piquent
A l’ombre de Vénus le cœur de mes cantiques
et de mon désespoir sur la lyre d’Orphée.
Suis-je Amour ou Phébus ? Lusignan ou Céphée ?

Je ne suis que ténébre et veuf mélancolique
L’inconsolable inèbre offert au soleil noir,
A l’ombre de Vénus et de mon désespoir.

Suis-je Amour ou Phébus ? Je ne suis que ténébre,
L’inconsolable inèbre à l’ombre de Vénus.

Suis-je Amour ou Phébus ? L’inconsolable inèbre ?

Suis-je Amour ou Phébus ? Suis-je Amour ou Phébus ?

    Gérd Neal rdalal

Léacrostiche d’hémistienne

Chaque chose, une à une, en douceur, prit sa place
Indiquée par le sage après de fous calculs :
Et le doigt et la lune épousaient leurs acculs
Aux cris du premier jour dans le naissant espace.

Enfin, se confondant, le savant et le page
S’accusaient tour à tour de n’être qu’un madur,

Un idiot regardant, privé d’un esprit pur –
Chaque chose, une à une, indiquée par le sage.

Et le doigt et la lune, aux cris du premier jour,
enfin, se confondant, s’accusaient tour à tour.

Un idiot regardant chaque chose, une à une,
et le doigt et la lune, enfin, se confondant.

Un idiot regardant et le doigt et la lune.

Un idiot regardant un idiot regardant.


J’étais face au dilemme

Inspiré d’un conte africain mis en exergue dans le roman :
L’ingratitude du caïman d’Isaac Djoumali Sengha



Commence par la fin

Ici, l’exercice est inversé (les hémistiches gauches mises bout à bout, dans le sens inverse) donnent les sept derniers vers .

AURORE

Val où l’on sonne mal l’honneur.

Trous d’or roux.

Meurt dehors.

Ce vallon.

malheur.
dormeur.

Orval.
Maldoror.

Mal.

Aurore.

Le sonnet de dissylabes ci-dessus est obtenu à l’aide d’homophonies.

UN ROB, LEUR BÉRÉE

Ici, on ajoute la surcontrainte de l’acrostiche d’initiale

Une bérée, du nid, est tombée, ce matin.
Ne trouvait plus chemin. Deux amantes l’avaient
Ramassée, dans leur lit. Elles se demandaient
Où ce beau rouge-gorge enfoui dans les satins
Buvait cette purée préparée de leurs mains,
Le rob de menthe et d’orge en coupe liserée.
Est-elle rassasiée ? Tout un rob, leur bérée ?
Une bérée, du nid, ne trouvait plus chemin.
Ramassée, dans leur lit où ce beau rouge-gorge
Buvait cette purée, le rob de menthe et d’orge,
Est-elle rassasiée ? Une bérée, du nid,
Ramassée, dans leur lit, buvait cette purée.
Est-elle rassasiée ? Ramassée, dans leur lit,
Est-elle rassasiée ? Est-elle rassasiée ?

INCONSCIENCE INFINIE
Un autre – son égal -, un robot de robot,
Un pur alter ego vient de lui donner vie,
À son rythme infernal, sans une anomalie,
Créant avec constance au fond de l’entrepôt.

Précis, algorithmique, il s’y met tout de go
Il est dès sa naissance, en toute automatie,
Un robot qui fabrique – inconscience infinie –
un autre – son égal -, un pur alter ego.

À son rythme infernal, créant avec constance,
précis, algorithmique, il est dès sa naissance
Un robot qui fabrique un autre – son égal -,
À son rythme infernal, précis, algorithmique,
Un robot qui fabrique, à son rythme infernal,
Un robot qui fabrique un robot qui fabrique.

Variation :