Le dernier sonnet

Que te rongent ces vers, misérable poète,

N’auras-tu jamais su simplement t’émouvoir

Laisser crier ton cœur au temps des désespoirs

Sans habiller de mots les pluies et les tempêtes ?

Te pensais-tu si froid et si vide qu’en fait

Tes larmes ne coulaient que de l’encrier noir

douze pieds à la ligne et caressant l’espoir

Que ton salut naîtrait de l’emphase parfaite ?

Songe à ce miséreux dont tu t’es mis en tête

D’écrire les blessures en de belles histoires

Le privant à jamais de sa propre mémoire.

Virevolte en plume en ce matin de fête

Dont tes pauvres yeux secs ne verront pas le soir

Ni cette vengeresse épitaphe à ta gloire.